
I am, I am, I am – Maggie O’Farrell
Après avoir lu et adoré le premier roman de Maggie O’Farrell Quand tu es parti, j’ai enchaîné directement avec son dernier livre en date I am, I am, I am. Cette fois, il ne s’agit pas d’un roman, mais d’un recueil autobiographique où Maggie O’Farrell raconte en 17 chapitres ses rendez-vous manqués avec la mort. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce recueil n’a rien d’un défi morbide. Bien au contraire, c’est une véritable ode à la vie.
En règle générale, je ne suis pas une grande lectrice de la forme courte ni des autobiographies. Ce recueil n’aurait sans doute pas atterri dans mes mains spontanément. J’ai été attirée par ce livre grâce à, d’un côté, l’écriture de l’auteure que je connaissais sensible et émouvante. Et de l’autre côté, grâce à de nombreux avis dithyrambiques que j’ai pu lire sur Internet. Et les avis disaient vrai ! Ce texte est d’une force, d’une sincérité et d’une profondeur incroyables !
Il faut certainement beaucoup de courage pour parler de sa vie et de soi-même avec autant de franchise. On se sent presque privilégié de lire ce recueil, comme si c’était la confession d’une amie qui nous fait entièrement confiance. I am, I am, I am est un livre intime, confidentiel. Maggie O’Farrell nous y ouvre son âme, ni plus ni moins.
« Frôler la mort n’a rien d’unique, rien de particulier. Ce genre d’expérience n’est pas rare ; tout le monde, je pense, l’a déjà vécu à un moment ou à un autre, peut-être sans même le savoir. […] Tous autant que nous sommes, nous allons à l’aveugle, nous soutirons du temps, nous empoignons les jours, nous échappons à nos destins, nous glissons à travers les failles du temps, sans nous douter qu’à tout moment le couperet peut tomber »
Chaque chapitre porte le titre d’une partie de corps qui avait frôlé le danger à tel ou tel moment de la vie de l’auteure. Comme le présente très bien la quatrième de couverture, il y a ce cou qui a manqué être étranglé par un violeur en Écosse. Il y a ces poumons, qui ont cessé leur œuvre quelques instants dans l’eau glacée. Il y a ce ventre, meurtri par les traumatismes de l’accouchement…
Sans aucun ordre chronologique, Maggie revient sur son enfance, marquée par une très grave maladie qui l’a frappée à l’âge de huit ans. Elle nous parle de son adolescence, insouciante et pleine de défis. Des dangers rencontrés lors de l’âge adulte. Mais surtout, elle parle beaucoup de la maternité. Ce sont des chapitres qui m’ont sans doute le plus touchés.
« Avoir frôlé la mort de si prêt, enfant, et être revenue à la vie m’a insufflé une forme d’inconscience, d’irresponsabilité, voire de folie face au danger. […] Le problème n’était pas que je ne tenais pas à la vie, mais plutôt que j’étais animée par une soif insatiable de connaître tout ce qu’elle avait à offrir. Avoir frôlé la mort à l’âge de huit ans a imprimé en moi une image positive – peut-être à tort – de la mort. Je savais qu’elle finirait par arriver, à un moment ou à un autre, mais cette perspective ne m’effrayait pas ; au contraire, sa proximité m’était presque familière. »
Certains chapitres sont très courts et relatent des épisodes presque insignifiants et rapidement oubliés. D’autres représentent des événements majeurs ayant marqués profondément la vie de Maggie. Le dernier chapitre est particulier et sort du lot. Rien que le titre est différent : Ma fille. Je me demande si ce n’est pas ce chapitre qui a donné à l’auteur l’idée de l’ensemble du recueil. Ce chapitre m’a touché au plus profond de mon être. En lisant les dernières phrases, je me suis sentie bouleversée…
Depuis que je suis devenue maman, je suis très sensible à tout ce qui touche aux enfants et à la parentalité. J’appréhende certaines choses de la manière très différente qu’avant. Il se peut que ce chapitre ne m’aurait pas autant ému il y a seulement quelques années. Ces temps-ci, je m’en suis ressortie en larmes.
« Quand vous donnez la vie, vous vous exposez au danger, à la peur. Au moment où j’ai tenu mon enfant contre moi, j’ai pris conscience de ma vulnérabilité : j’ai eu peur de la mort, pour la première fois. Je ne savais que trop bien à quel point la membrane qui nous sépare est fine, à quel point il est facile de la perforer. »
Si vous ne connaissez pas encore Maggie O’Farrell, vous pouvez commencer par ce titre les yeux fermés. C’est un texte fort, très beau et vrai. Rien que le titre qui raisonne comme les bâtiments de coeur est tellement, tellement bien choisi. Merci à Maggie O’Farrell pour cette oeuvre magistrale !
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[…] avoir beaucoup aimé Quand tu es parti et I am, I am, I am, je me suis fixée l’objectif de lire tous ou presque tous les livres de Maggie […]